L'impôt cible développement durable

Quelle ne fut pas ma joie de recevoir ce jour une enveloppe arborant l'entête du ministère du budget (etc.). Mon plaisir n'a fait que s'accroître après ouverture dudit pli et lecture des premières lignes. Le directeur général des finances publiques prend en effet sa plus belle plume afin de me remercier, moi simple contribuable lambda, d'avoir opté pour la déclaration de revenus par Internet sans l'envoi de formulaires papier. Je me sens tout chose de contribuer ainsi à "la modernisation de l'administration fiscale et à la simplification de ses relations avec les usagers". Je m'étonne cependant qu'aucune mention soit faite des notions de développement durable ou d'Agenda 21, lesquelles sont pourtant à l'origine de mon choix. A ce stade, il m'apparaît donc nécessaire de résumer l'objet du courrier qui m'est adressé, m'informer que dorénavant on ne m'envoie plus de papier. Sans doute celui que je suis en train de feuilleter est-il alors le dernier. Que neni, puisqu'il s'accompagne d'une seconde bafouille signée celle-là d'un personnage encore plus important, Eric Woerth, ministre du budget (etc.) au moment où le document qu'il a paraphé a été rédigé par les services de Bercy, aujourd'hui titulaire d'un autre marocain. M. le ministre m'indique lui que 9,7 millions de personnes ont comme moi opté pour la déclaration par Internet, ce qui représente un total de 19,4 millions de feuilles A4 envoyées pour informer leurs récipiendaires qu'il ne reçoivent désormais plus de papier. Une démarche qui s'inscrit parfaitement dans le cadre des Grenelle de l'environnement, Agenda 21 et autre développement durable. Quid de la possibilité d'effectuer le même envoi par courriel ? Comme si cela ne suffisait pas, le ministre entend, au recto du courrier, me prouver le bon usage qu'il fait de l'argent que je lui donne chaque année. J'ai eu beau chercher, nulle trace du budget photocopieuse de Bercy. Face à cette situation ubuesque, je propose de revoir la taxe carbone, de fait tombée en désuétude, pour qu'elle soit appliquée sur le salaire des membres de l'exécutif afin de financer l'impression et l'acheminement des courriers visant à informer les contribuable que désormais ils ne reçoivent plus de courrier.